Autorité et tradition vivante


Session de théologie pour les 2nd cycle des séminaires de l’ouest de la France

Sujet passionnant et brûlant pour l’Église et la société, les 2nd cycle des séminaires de l’ouest de la France ont assisté à une session sur « l’autorité et la tradition vivante ». Nous l’avons vécu à l’école de la Vierge Marie et du P. Michel Guérin puisque le lieu central choisi fut le sanctuaire de Pontmain, pour notre plus grande joie.

Mais tout d’abord, qu’est ce qu’une session de théologie ?

Pour favoriser la réflexion et l’approfondissement de sujets importants, les séminaires français organisent des sessions ou séminaristes et formateurs d’une même région se regroupent. Notre Dame de l'Espérance d’Orléans se regroupe ainsi avec les séminaires de l’ouest, c’est-à-dire Rennes, Nantes et la communauté saint Martin. Si en 1er cycle les thèmes abordés sont autour de l’affectivité et se renouvellent chaque année, le 2nd cycle et l’année de synthèse vocationnelle (les diacres), se retrouvent tous les deux ans pour réfléchir à des enjeux théologiques.

La session s’étend sur quatre jours et l’idée générale est de maximiser le temps pour nourrir grassement les participants, qui devront digérer les semaines suivantes.

Retour sur la session

Cette session fut l’occasion de moment de prière et de fraternité vécu avec des séminaristes d’autres lieux de formation, donc la joie était au rendez-vous. Orléans fut chargé de préparer une messe et une veillée d’adoration sur le thème de « la docilité à l’autorité du Père. » Nous profitons également de la richesse des autres séminaires.

Cette session fut remarquable par la diversité des approches et la qualité des enseignements, ainsi le corps de l’article sera de découvrir ensemble les différents points d’étapes de la réflexion. Une approche philosophique de l’autorité, posant la problématique et une définition de l’état actuel de l’autorité fut proposée au départ par don Jean-Rémi Lanavère, prêtre de la communauté Saint Martin. Dans la foulée, Philippe Royer, entrepreneur audacieux et sensible au bien commun - titre de son dernier livre -, nous exhortait à ne pas avoir peur, de ne pas se recroqueviller devant les évènements, mais d’avancer, sûr de sa foi et des talents donnés par Dieu pour vivre l’autorité comme un service, comme un don offert aux contemporains. Sœur Sophie Ramond, bibliste, nous faisait réfléchir sur la tradition et la transmission dans les textes bibliques, posant la question de l’autorité des textes. Puis Dom Philippe Dupont, bénédictin, ancien abbé, livrait son témoignage et son vécu de l’autorité à l’école de saint Benoît.

Le lendemain, frère Pawel nous parlait en théologien, et nous interpellait vivement. Nous n’avons pas à avoir honte d’appartenir à une culture, de vivre à une époque, aujourd’hui, la tradition ne doit pas nous enfermer dans le passé mais permettre de l’écouter. Le chrétien est un homme ancré, donnant le témoignage de sa tradition, c’est-à-dire le témoignage du don de Dieu reçu personnellement et en communauté. Ensuite, Mme Céline Hoyeau, journaliste, parlait de son enquête, aboutissant à un livre, la trahison des pères. Elle analyse avec beaucoup de clarté et de nuances les mécanismes pervers de l’abus d’autorité dans l’Église et notamment dans les communautés. En théologie morale, ce fut Catherine Fino qui nous livra son savoir afin de comprendre l’autorité et sa bonne pratique. Enfin, le père Emmanuel Bidzogo, prêtre en Essonne, évoqua trois grandes thématiques pour exercer l’autorité comme pasteur : discernement, subsidiarité et exercice différencié de l’autorité.

Enfin, pour clore cette approche, Mgr Gérard le Stang, évêque d’Amiens, nous exhorta à être des pasteurs ayant une véritable autorité, bien comprise. Il s’agit d’être liée à une mission, donc dans l’obéissance, elle doit être partagée et elle s’exerce dans la consécration de toute une vie, ce qui demande un travail constant de conversion.

Cette session, très riche, donna de solides éléments pour mieux comprendre la mission d’autorité qui attend les futurs prêtres, il s'agit d'installer notre vie sur des fondements sains pour que l’autorité ne soit pas un joug supplémentaire pour les autres mais un service rendu à l’Église et au monde.


François-Xavier BOULARD - 3e année - Archidiocèse de Sens-Auxerre