Le temps de l'Avent


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Avent est le temps de l’attente, du désir. Attendre c’est être « tendu vers » : ad tendere. Mais vers qui, ou vers quoi ? Au fond, qu’est-ce que j’attends ? Cette question résonne un peu comme celle de Jésus à ses apôtres : « Pour vous, qui suis-je ? » (Mc 8, 29). « Qui attendez-vous » ?

Aujourd’hui combien attendent qu'advienne la Paix, la santé, une réconciliation, manger à sa faim ou le simple fait de compter pour quelqu’un. Aux heures de désespérance, il peut même nous arriver de questionner le Christ comme Jean- Baptiste le fit du fond de sa prison : « Es-tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 3). « Un autre » qui règlerait tout ?

L’attente naît toujours de l’espoir d’un horizon ouvert, plus grand, plus radieux que ceux de nos vies, souvent limités et menacés. L’homme est fondamentalement en quête, mais sans savoir toujours bien le fond de sa quête, le moteur qui, sans cesse, le met en route, et parfois en déroute. À ceux qui le suivaient par curiosité et par attraction Jésus leur dit en se retournant : « Que cherchez-vous ? – « Maître, où demeures-tu ? – « Venez et vous verrez » (Jn 1,38-39).

L’Attente est tout sauf une passivité, contrairement à ce que l’on pourrait croire. C'est une dynamique, une recherche, mais à double sens. Noël n’est pas la fête d’un « heureux événement » comme on dit, qui ne ferait qu’un enfant de plus sur la terre, et c’est pourquoi dans l’ignorance ou le refus de cette insignifiance le monde l’a recouvert de l’image magique d’un père Noël à barbe blanche distributeur de cadeaux.

Non, Noël est un avènement. Non seulement Dieu ad-vient en notre monde, mais cette venue se réalise en nous ! Celui qui est « La Parole naît chair et dresse sa tente en nous » (traduction littérale de Jn 1, 14).

Noël est la rencontre de Dieu avec les hommes. Avant même que nous marchions vers lui, c’est Lui qui marche vers nous : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai le repas de fête avec lui et lui avec moi » (Ap 3, 20). Le mot « souper », habituellement utilisé pour signifier l’intimité de la rencontre, est en réalité le mot qui désigne le festin des noces de l’Agneau » (Ap 19, 6). Une alliance, une communion dans le don réciproque de soi.

Les langes et la mangeoire de la crèche donnent la tonalité de ces noces de Dieu avec l’humanité, celle de la joie dans le don. Le ravissement : l’Envoyé est un nouveau-né, le pur visage de la Promesse, la Vie en sa source cristalline. Le don : Jésus est messager en se faisant message, il dit Dieu en se livrant, il appelle à lui en se communiquant. Étant sans parole il envoie les anges puis les bergers et les mages pour porter la Bonne Nouvelle au monde. Dans l’Envoyé naît l’Église, missionnaire en son fond.

Auprès du tout-petit, l’attente se fait attention. La quête a trouvé son trésor : « Soyez sans crainte, voici une grande joie pour tout le peuple : Il vous est né un Sauveur ! »


Christine Pesme - Conseil du Séminaire - Professeur de théologie