Séminariste de l'Ile Maurice

Peux-tu te présenter ?
Je suis Hubert HIPPOLYTE, (on me dit souvent que j’ai deux prénoms), âgé de 28 ans. Je viens de l'île Maurice, envoyé en France en 2022 au séminaire pour suivre la formation en vue de la prêtrise. Avant cela, j’ai étudié en design graphique pour ensuite travaillé durant 4 ans comme vidéaste. Je suis le deuxième enfant d’une fratrie de deux, famille modeste qui a su me faire grandir avec des valeurs ancrées dans le Christ.
Peux-tu nous parler brièvement de ton appel ?
L’appel je l’ai perçu quand j’étais petit, j’avais environ 8-9 ans. Tout jeune, j'étais au service de l’Eglise, notamment en servant la messe. Le temps passant, je dirais que mon oreille s’est faite moins attentive. Arrivé à l’âge de 24 ans, ayant une vie active dans l’Eglise et dans les différents mouvements et services, mon curé m’a proposé de commencer à réfléchir sur la vocation. La question de la vocation n’était plus, à ce moment, une priorité, car le travail et les projets me prenaient tout mon temps, et aussi, mon désir d’avancer pour construire ma vie de jeune. J’ai accepté de rentrer en discernement en me disant intérieurement : « la vie de prêtre c’est pas pour moi, j’y vais pour faire plaisir à mon curé. »
A la fin du parcours, durant une retraite, j’étais dans un combat spirituel entre d’un côté continuer mes beaux projets et la construction de ma vie, et de l’autre la réponse à la question : « qu’est-ce que je fais de mon baptême ? » Un verset en particulier me parlait : « tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage » - Jn 15, 2. Je me disais que le combat était nécessaire pour porter le fruit que le Seigneur attendait de moi en vivant mon baptême. En ayant discuté avec le prêtre qui m’accompagnait, il m’a donné l’occasion de continuer le cheminement en étant dans une paroisse, tout en continuant à travailler afin de me donner plus de temps à la réflexion.
Quelques mois passés, je réalisais que mon épanouissement personnel n’était pas dans mon travail ni dans mes projets mais dans le relationnel et les rencontres que je faisais avec les paroissiens. Même si je ne voulais pas prendre au départ le chemin qui allait me faire quitter mon pays, ma famille et mon travail, le choix s’est fait, peu à peu, plus facilement et sereinement. Le temps, la prière et le cheminement ont accompli leur travail. J’ai demandé à mon DDFM (Délégué Diocésain à la Formation Ministérielle) si c’était possible de continuer ce cheminement au séminaire. Avec l’aval de mon évêque, je suis maintenant en France afin de me former au séminaire d’Orléans.
Comment ont réagi tes parents et tes amis quand ils ont appris ton désir d’entrer au séminaire ?
Il y a eu une préparation à faire avant de leur annoncer, mais cela s’est bien passé. La réception de mon choix a été bien accueillie et, de plus, leurs encouragements me portent de jour en jour.
Comment se passe ta formation au séminaire d'Orléans jusqu'à présent ?
Objectivement, en regardant mes premiers jours et maintenant, je pense que la formation au séminaire n’a fait que m’épanouir dans ma personnalité, dans mon relationnel que ce soit avec les personnes de confession chrétienne ou les autres, ainsi que dans l’approche que je peux avoir avec les études. Bien sûr, il y a des hauts et des bas comme dans toute vie – et heureusement sinon le goût de la vie serait fade – mais le positif est quand même beaucoup plus présent et j’espère que j’en témoigne auprès de mes frères et des autres personnes.
Peux-tu nous présenter ton activité apostolique et ce qu’elle apporte ?
Cette année, tous les jeudis, je suis envoyé dans une association qui s’appelle l’Espoir. Elle se trouve au Centre Pénitentiaire de Saran et elle a pour mission d’être une oreille, et d’apporter une aide, auprès des familles qui viennent rendre visite à leurs proches incarcérés. Milieu difficile en raison du contexte, mais je pense que l’humanité que nous pouvons apporter aide beaucoup les visiteurs. Un simple bonjour, un sourire ou leur proposer un café, met à l’aise les personnes venues visiter un de leur proche incarcéré. Les discussions portent souvent sur la vie de tous les jours mais avec ceux que nous rencontrons chaque semaine, il y a un lien qui se crée, ainsi, les conversations sont beaucoup plus profondes et je découvre qu’il y a beaucoup de souffrances chez ces personnes qui donnent de leur temps par amour pour leurs proches..
Peux-tu nous dire un verset biblique qui t’accompagne pendant ton cheminement ?
« Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel et dans le Christ. » - Ep 1, 3
Ce verset, nous le chantons lors des vêpres chaque lundi. Cette parole m’accompagne car elle donne une force assez singulière afin de continuer et de persévérer, notamment dans la fidélité à ma vocation mais aussi dans la mission de tous les jours. Notre Dieu aimant nous a fait le cadeau de son Esprit et de son Fils. Cela est fait, c’est un déjà-là et par conséquent un don effectif. Cependant c’est également un pas-encore qui nous encourage à aller de l’avant pour bénéficier pleinement de cette bénédiction, au ciel et dans le Christ.