Interview avec le père Olivier Artus


père Olivier Artus

Le père Olivier est prêtre du diocèse de Sens-Auxerre, il est aujourd'hui recteur de la basilique de Vézelay. Il donne les cours de Pentateuque cette année au 2nd cycle, il a accepté de répondre à nos questions.

Vous venez de clore votre mission à l'Université catholique de Lyon ou vous étiez recteur, que garderez-vous de ces années ?

Je viens effectivement de terminer un quinquennat à Lyon, que j’ai entrepris à l’âge de 65 ans…. C’était un pari sur le plan physique, car c’est une mission très exigeante : 10 000 étudiants et 1200 membres du personnel, qui forment et accompagnent ces jeunes. Deux campus à Lyon, un campus à Annecy, une antenne au Puy-en-Velay. De nombreuses relations internationales. C’est un monde !


Il y a d’abord eu la découverte d’un territoire nouveau : 23 diocèses du sud-est de la France, dont les Évêques sont les « fondateurs » de l’Université catholique de Lyon. Le Chancelier de l’Université est l'archevêque de Lyon, Mgr de Germay. Les relations avec le Chancelier et les Évêques fondateurs ont été régulières et très fécondes. L’assemblée générale des Évêques fondateurs, chaque année, permettait d’envisager avec eux les grandes orientations de l’Université.

Parmi celles-ci, la mise en œuvre de la Constitution apostolique Veritatis gaudium, concernant la mission des Universités catholiques. Cette Constitution invite à construire un lien « transversal » entre les différentes disciplines, et à faire dialoguer la théologie avec la culture.

À Lyon, cela s’est réalisé par la mise en place d’une Unité de Recherche, évaluée et reconnue par l’État, rassemblant 150 enseignants chercheurs de toutes disciplines (Sciences, Droit, Philosophie, Économie et Gestion, Théologie), et leur permettant de construire des projets pluridisciplinaires.

Parmi ceux-ci, la mise en place d’une chaire dédiée à la question des « Vulnérabilités », dont le but était de permettre le dialogue de l’Université, non seulement avec l’Église, mais avec la société dans sa diversité — élus, entrepreneurs, acteurs sociaux — sur un sujet d’intérêt commun. Les colloques organisés par la chaire, qui réunissait dans ses instances des personnalités très diverses, ont été des moments marquants, notamment le dernier, en avril 2024, consacré à la question de la Vulnérabilité et de l’effondrement des systèmes (politiques, économiques, écologiques, etc..) et à la mise au jour de lieux d’espérance et de résilience.

Comment votre expérience à la Commission biblique pontificale a-t-elle renouvelé votre pensée théologique ?

Lorsque j’ai été nommé à la Commission biblique pontificale par le pape Jean-Paul II, en 2001, le président en était le cardinal Joseph Ratzinger. Sa rencontre m’a beaucoup marqué sur le plan intellectuel. Elle m’a aidé à mieux comprendre les enjeux théologiques de l’exégèse biblique. L’exégèse n’est pas une discipline simplement technique ou scientifique, elle a pour objet la mise au jour du sens plénier du canon des Écritures. L’étude de l’Écriture Sainte conduit ainsi à la rencontre du Christ. C’est pourquoi, dans l’exhortation post-synodale Verbum Domini, le pape Benoît XVI parle de la dimension « quasi-sacramentelle » de la liturgie de la Parole, dans la célébration eucharistique.

Vous avez dernièrement écrit un ouvrage sur le livre des Nombres, tiré du corpus biblique du pentateuque que vous enseignez au séminaire d'Orléans. Comment abordez-vous ce livre biblique quelque peu austère ?

Effectivement, une première lecture du livre des Nombres peut sembler un peu aride ! Pourtant, ce livre est passionnant. C’est le livre le plus récent de la Torah (4ème siècle avant notre ère), et il reflète les débats qui traversent les communautés judéennes de cette époque : la communauté doit-elle être régie uniquement par le grand prêtre et par les prêtres, ou bien y a-t-il une place pour l’inspiration prophétique, et pour une diversité de formes dans la vie communautaire. Ce qui est remarquable, c’est que le texte biblique garde une trace de ces débats, sans les gommer. Mais en même temps, comme texte canonique commun à la communauté, il contribue à l’unité de cette dernière.

Avez-vous de nouveaux projets d'écriture de livres ?

Dans la même collection que les « Nombres », au Cerf, un « Deutéronome » vient de paraître. J’ai en projet un ouvrage sur le personnage de Jacob, et un autre sur les enjeux socio-économiques des lois du Pentateuque, qui sont très inventives sur le plan de la justice sociale, par exemple les lois concernant la remise des dettes des plus pauvres.

Et puis, il m’a été demandé de rédiger un commentaire scientifique du livre des Nombres. C’est un projet de longue haleine. Il y en a pour quelques années….

François-Xavier Boulard - Diocèse de Sens-Auxerre - 4eme année



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