Retour sur l’été

Les vacances, un temps de formation !

« Les séminaristes sont trop souvent en vacances ! », si vous pouvez entendre cela de certains curés d’insertion, il ne faut pas croire que le séminariste reste dans le fond de son canapé, particulièrement durant les deux mois de vacances en juillet-août !

Au contraire, pour certains c’est un vrai marathon : Lourdes, camps scouts, famille, école de prière jeunes, amis, pèlerinage diocésain… Certains font beaucoup de kilomètres pour aller à la rencontre et vivre la pastorale au sein de leur diocèse, mais aussi dans d’autres !

Car oui, le temps des vacances au séminaire reste un temps pour vivre autrement notre formation. Cette fois-ci ce n’est pas à Orléans en cours de philosophie, ou de théologie, mais sur le terrain ! Nous sommes appelés à répartir notre été en deux, avec un mois de pastorale et un mois de vacances plus personnels en famille. C’est l’occasion de pouvoir continuer notre discernement, notre « configuration au Christ » que nous vivons de telles apostolats.

Muni de tout ce que nous avons pu prendre durant l’année académique, nous sommes envoyés comme les disciples au cœur du monde pour être des témoins. Personnellement je reste marqué de la rencontre avec les jeunes. Ils sont souvent porteurs de nombreuses questions, souvent qui ne sont pas si faciles. Aujourd’hui en 5e année, je me rends compte des richesses que j’ai pu découvrir, des personnes rencontrées durant ces temps d’apostolat. Une richesse et une force pour continuer de répondre à l’appel du Seigneur pour servir son peuple.

Cet été j’ai eu la chance de pouvoir partir à Tahiti, au sein de l’archidiocèse de Papeete. Une occasion de découvrir une Eglise diocésaine différentes de ce que nous connaissons en France métropolitaine. De voir aussi la créativité que le diocèse et les fidèles ont mis en place par le manque de prêtres (24 prêtres pour un territoire représentant l’Europe !). Découvrir aussi bien sûr un lieu magnifique, contempler la création du Seigneur à 22 000 km de la France, et découvrir l’universalité de notre Eglise catholique.

Je souhaite remercier nos évêques, nos formateurs, les prêtres qui nous accompagnent et ceux qui nous accueillent durant l’été.

Un merci aussi aux groupes de laïcs qui nous accueillent et nous accompagne dans les différents lieux (sanctuaire, groupe de jeunes…)

Merci à toutes ces personnes qui nous font confiance, et prennent le temps de nous accompagner, de nous écouter et de nous former !

Florent RINGEVAL - 5e année - Diocèse de Nevers

seminariste en 5e annee

Un été auprès des migrants

Un été réussi pour un séminariste doit être riche, formateur et source de dépaysement !

Tel fut je pense la couleur de mon activité apostolique en 2022 que j’ai eu la joie de vivre à Calais, dans le diocèse d’Arras, dans l’extrême nord de la France, auprès des migrants. Durant trois semaines, j’ai vécu avec eux, découvrant les réalités sanitaires, administratives, sécuritaires et culturelles que tous vivent au quotidien en débarquant dans ce lieu, dernière frontière avant l’Angleterre, cette terre promise où souvent des membres de leurs familles les attendent.

Les réalités sanitaires sont en effet difficiles. Les migrants vivent dans des tentes, par groupe de dix ou quinze, au sein de camps situés dans la lointaine périphérie de Calais, coincés entre autoroutes, voies ferrées et zones industrielles. Il n’y a pas d’eau, ni nourriture, sauf celles apportées gracieusement par les associations. Les déchets sont jetés à même le sol transformant certains camps en véritables bidonvilles, attirant rats et cafards.

Chaque camp a sa nationalité ou sa spécificité culturelle. Les plus nombreux sont les Soudanais et les Érythréens. On trouve également des Iraniens, des Afghans, des Syriens et quelques Maghrébins. La quasi-totalité des migrants sont des hommes plutôt jeunes voire très jeunes, la moyenne d’âge avoisinant la vingtaine d’année.

Cette diversité culturelle si elle est dans l’ensemble bien vécue, peut aussi conduire à plusieurs rixes voire à de véritables agressions en tout genre. Ainsi, durant mon séjour, un camp a été incendié par un migrant et deux se sont battus au couteau jusqu’au sang. J’ai appris également qu’il existait des agresseurs sexuels qui s’en prenaient aux jeunes migrants. À cette violence interne, il faut rajouter la violence policière devenue avec les années davantage psychologique. C’est ainsi que tous les deux jours, la police débarque dans les camps et oblige les migrants à plier leurs tentes et ranger leurs affaires. Une fois fait, la police s’en va et les migrants se réinstalle parfois au même endroit.

Les migrants restent à Calais environ un an, le temps de traverser les 30 km qui séparent la France de l’Angleterre ou d’obtenir le statut de réfugié après un long parcours sinueux et compliqué auprès de l’administration française. Pourtant, malgré ces innombrables difficultés, j’ai remarqué une chose parmi ces migrants, c’est leur sourire. Tous ou presque affichent un sourire radieux, celui de la vie, celui de l’espérance d’arriver un jour à atteindre leur but, et les associations présentent sur place les aident particulièrement.

On compte une quinzaine d’associations d’aide aux migrants à Calais, toutes spécialisées dans un domaine bien particulier (santé, nourriture, eau, téléphone, justice…). Parmi elle se trouve le Secours Catholique, l’une des plus importantes, avec qui j’ai travaillé. Son activité peut se résumer ainsi : le matin, des maraudes étaient organisées dans les camps afin d’y apporter des boissons, quelques objets hygiéniques mais surtout des informations fort précieuses pour les nouveaux arrivants ; des stations de recharge pour téléphones portables étaient également apportées ; l’après-midi, les migrants étaient accueillis dans un accueil de jour au centre de Calais afin que ceux-ci puissent se ressourcer, s’amuser, se renseigner, discuter ou simplement dormir. Ce sont ces activités que j’ai pratiquées tous les jours, sauf le week-end, durant mes trois semaines à Calais.

Hébergé dans le presbytère du P. Philippe Demeester, aumônier jésuite du Secours Catholique du Pas-de-Calais, qui hébergeait lui-même une dizaine de migrants, cette expérience fut pour moi particulièrement enrichissante. Elle me permit de découvrir une réalité jusqu’à présent méconnue mais plus encore de mettre des visages sur cette réalité que l’on décrit encore trop sommairement. J’y ai surtout vu l’action de l’Évangile à l’œuvre au travers de bénévoles tout dévoués et la puissance de la fraternité alors que j’y ai croisé pas moins de vingt-cinq nationalités différentes. Que Dieu leur vienne tous en aide !

Maxence Caputo - 4e année - Diocèse de Cambrai

seminariste en 4e annee