Les railleries que Saint Paul eut à subir devant l’aréopage d’Athènes (Ac 17, 32) augurèrent, dès les débuts du christianisme, des relations parfois houleuses entre le monde de la foi et celui de la culture. Aujourd’hui encore, il semble que dans nombre de nos paroisses, de nos diocèses, foi et culture vivent deux existences séparées. La raison en est bien souvent l’absence de rencontre : ces deux mondes se côtoient mais ne se rencontrent pas.
Pourtant, Dieu s’est incarné en Jésus-Christ, dans un espace et un temps, donc dans une culture. La foi chrétienne ne peut se comprendre indépendamment d’une culture. Ces deux mondes ne peuvent donc s’ignorer et toute démarche de rencontre, de dialogue et de compréhension mutuelle doit être valorisée.
Pour pallier le déficit de formation dans ce domaine, les recteurs des séminaires de l’ouest (Orléans, Nantes, Rennes et Evron) ont décidé de convier les séminaristes de second cycle à Angers pour une session de trois jours. Différents temps ont rythmé cette session : formation théorique, formation pratique, échanges.
La formation théorique consistait en des conférences. Maximilien Ambroselli et Amaru Cazenave revinrent sur les débats parfois mouvementés au XXe siècle à propos de l’art sacré. Jean-Louis Bruguès explicita le besoin de beauté dans le christianisme. Marie-Jeanne Coutagne donna des jalons pour comprendre l’art contemporain. Thierry Hubert témoigna des rencontres qu’il fait chaque année au Festival d’Avignon. De petits ateliers abordèrent différents thèmes tels que "Les intellectuels catholiques doivent se réveiller", "L’art sacré comme lieu de culture populaire", "L’Eglise a besoin de créatifs", "Les séries, culture de masse qui nous interpelle".
Ne pouvant nous cantonner à une approche purement théorique, de belles rencontres esthétiques furent organisées. Un concert de musique baroque fut donné dans l’amphithéâtre de l’Université Catholique de l’Ouest – qui hébergeait notre session. Il était entrecoupé d’interventions de Patrick Barbier, musicologue, pour nous expliquer l’histoire, la logique et l’évolution de cette musique sur cent cinquante ans. Des visites culturelles permirent de découvrir le patrimoine de la ville d’Angers : visite de l’ancienne abbaye Saint-Aubin – aujourd’hui la préfecture – et du Musée des Beaux-arts en compagnie de Guy Massin Le Goff, conservateur du patrimoine ; découverte du cycle de tapisseries "Le Chant du Monde" de Jean Lurçat, etc. Une soirée fut consacrée à la découverte du christianisme dans l’œuvre et la vie d’Albert Camus au travers d’une conférence et de la lecture de textes de Camus.
Enfin, de nombreux échanges, formels et informels, entre les séminaristes permirent d’approfondir les sujets abordés en conférence, et offrirent de beaux moments de fraternité.
Pour résumer, nous avons vécu une session d’une rare richesse, qui nous a ouvert les portes d’un vaste monde qu’il nous reste à parcourir.
Abbé Julien Sauvé - Année diaconale - Diocèse de Cambrai