Depuis début mars et le début de la crise sanitaire, le sport international et national s’est mis à l’arrêt. Les compétitions ont été remises à plus tard pour les unes, tout simplement annulées pour les autres. Et voilà que depuis le déconfinement, petit à petit renaissent ici et là les championnats nationaux. Mais pas encore en France. Alors pour pallier ce manque de compétitions auxquelles quelques séminaristes sont durement accrochés, le séminaire a lancé en interne son tournoi de ping-pong annuel.
Le tournoi ayant été annulé l’année dernière pour d’obscures raisons d’organisation, celui de cette année prend une importance majeure. Les frustrés de l’année précédente jurent de montrer enfin leur valeur. Le champion en titre, lui, s’est vu offrir une année supplémentaire avec la couronne.
Ils sont vingt candidats cette année à s’être engagé dans cette aventure. Un seul en sortira vainqueur. Pour connaître son identité il faudra attendre fin juin. D’ici là les athlètes devront passer sains et saufs à travers l’épreuve des poules qui réserve souvent bien des surprises. Le vice-champion d’il y a deux ans est ainsi déjà éliminé. Viendront ensuite les phases finales avec des matchs à élimination directe. La tension est déjà bien présente. Certains séminaristes semblent jouer leur place au séminaire. Vainqueur du tournoi semble être un titre qui prime sur une bonne mention au baccalauréat canonique !
En trois années dans ces murs, j’avoue ne pas avoir souvenir d’une table de ping-pong autant désirée ! La véranda résonne du matin jusqu’au soir du bruit de la balle qui cogne sur la table et les raquettes (et parfois au plafond...). Chaque pause entre les cours est l’occasion d’un entraînement.
On rencontre différents types de joueurs... Le hargneux qui se bat sur chaque balle, qui ne lâche jamais rien et ne comprend pas pourquoi il a perdu, s’il perd. Celui qui se prend pour un chinois en tentant des coups où il risque plus de se faire un tour de reins que de faire un smash. Ceux qui se disent tennismen avant tout, excuse utilisée pour justifier une balle qui tombe à plus de dix mètres de la table. Ceux qui ne savent pas pourquoi ils participent à ce ballet et passent comme une ombre dans le tournoi. Ceux encore qui semblent ne pas donner beaucoup d’importance à la victoire – « l’important c’est de participer, il y a des choses plus importantes dans la vie » – mais qui rêvent toutes les nuits de soulever le trophée.
Et puis il y a le champion en titre. Sûr de sa force, il traverse chaque match avec un flegme britannique déroutant ses adversaires qui, eux, dégoulinent de sueur, cherchent leur souffle, paniquent. Encore bien présent cette année, il a l’intention de montrer que le vieux lion rugit encore. Cette couronne lui va si bien. Pourtant cette année s’annonce plus disputée. Et ils sont un certain nombre d’outsiders à pouvoir prétendre titiller le roi incontesté jusque-là. Le mâle Alpha sera-t-il rejeté de sa tribu ? Rassurez-vous, comme dans tout bon documentaire animalier l’histoire finit bien et les lionceaux finissent par rentrer dans le rang. Sauf, il est vrai, si le vieux lion s’est vu trop beau et a sous-estimé ses adversaires. Mais ce n’est pas l’impression qu’il donne n’est-ce pas ?
Foucauld Pommier - 3ème année - Diocèse de Moulins - Champion 2018-2020 (?)