Alors que les célèbres « trois coups » retentissent, on sent son pouls s’accélérer et sa voix déjà trop sèche se dessécher davantage. La lumière se lève doucement pour laisser place à plus d’une heure de bonheur qui, je l’espère, fut partagé par le plus grand nombre.
Oui, pour moi qui ai eu la chance de jouer dans Jofroi, cette pièce écrite par Marcel Pagnol qui chante la Provence et qui dessine tant de personnage hauts en couleur, c’est à peu près ainsi que se sont passés les quelques secondes qui ont précédées mon entrée en scène.
Dieu sait à quel point le sens de la beauté, qu’il soit dans l’art, dans la culture ou dans la vie, est vital pour le cœur de tous. C’est donc de là que découle le désir de faire du théâtre au séminaire. Notre vie humaine comme homme, comme futur-prêtre, se façonne aussi grâce à un apport que la vie intellectuelle ne permet pas.
En effet, nous avons vécu quelque chose entre frères, pas seulement joué la comédie ! Nous avons vécu des émotions, des paroles, des histoires, pour se connaître de plus en plus entre nous et faire grandir en chacun le désir de transmettre à un public. A titre d’exemple, bien des fois des frères m’ont dit, après avoir répété quelques minutes de la pièce : « alors Ruben… c’était bien… non vraiment ! Mais comme tu parles quatre fois trop vite, on n’a rien compris ! » Merci à mes frères de me permettre de grandir dans le contrôle du stress et le soin de parler doucement pour que le public suive du mieux possible.
Le souci de transmettre, de construire notre humanité se cache donc sous chaque réplique, sous chaque rire, sous chaque regard. Au fond, ce que Victor Hugo dit du théâtre vaut aussi pour les séminaristes : « Une pièce de théâtre, c’est quelqu’un. C’est une voix qui parle, c’est un esprit qui éclaire, c’est une conscience qui avertit. »
Ruben HERCENT - 3eme année - Diocèse de Nevers