Le mois de Janvier constitue une étape, un moment particulier dans le programme d’année de l’Année Notre Dame du Chemin car c’est le temps des expériments. Le temps d’expériment qui est spécifique à l'ANDC est un temps de stage auprès des personnes en difficultés ou autre milieu comme le prévoit la ‘ratio fundamentalis’ pour les propédeutiques.
Pour cette année les membres de l’ANDC étaient envoyés à l’Arche en Charente maritime, à l’association aux captifs la libération à Paris, au village St Joseph en Bretagne ou encore à la maison Bernadette à Marseille.
Nos frères qui étaient envoyés à Marseille nous témoignent de leur expérience dans ce dossier.
Pour mon ‘expériment’ à Marseille, j’ai été envoyé à l’association Massabielle’ spécialement dans une de ces maisons ‘Maison Magdala’. Cette association insiste sur la coexistence entre différentes cultures et âges, dans un esprit de paix et de fraternité. Durant mon séjour, j'ai eu l'occasion de travailler avec des bénévoles qui y étaient depuis plusieurs mois et qui ont de l'expérience sur le terrain. La « Maison Magdala » est gérée par Brigitte et Mary, qui sont des employés permanents et d'excellents formateurs. La première mission de la ‘Maison’ est l'accueil inconditionnel et l'accompagnement académique des enfants et des adolescents.
Ce stage s'est avéré une expérience excellente et gratifiante. J’étais polyvalent comme les autres, mes activités étaient très variées. Le lundi après-midi, nous commençons par les préparatifs pour la semaine, nous préparons des visites aux personnes âgées, aux personnes physiquement en difficulté et aux migrants. Suivis par la préparation du ‘patronage’ qui se tient tous les mercredis après-midi. Étant sans expérience antérieure, la première semaine a été difficile. Je me demandais comment je réussirais à faire face à tout ce qui m'attendait, étant donné que j'ai moi-même besoin d'aide pour les cours de français. J’ai discuté avec Mary de mes difficultés et elle m’a conseillé d’écouter les enfants et je saurais quoi faire. Ces conseils ont été très efficaces pour me permettre de les écouter, c’est-à-dire de me rapprocher d’eux. Alors je me suis rendu compte qu'ils avaient des problèmes pour apprendre l'anglais. Par la suite, je me suis mis au travail pour qu’ils apprennent l’anglais.
J’ignorais ce qui m'attendait quand j’ai appris que j’irais à Marseille, mais j’espérais faire l’expérience de quelque chose de nouveau dans cette mission. Ma prière a été exaucée, ce fut une nouvelle expérience. C’est la première fois que je travaillais auprès des enfants et de la jeunesse. Pour moi, un chrétien doit être comme un vélo tout-terrain, on doit donner du fruit là où l’on est. Grâce à cette mission, j’ai pu expérimenter l’Évangile différemment, par le service et la rencontre avec les autres. J'ai constaté que la pauvreté est partout, personne n'est à l'abri. J’ai rencontré ce jeune couple qui vit dans la rue, on a partagé un café, ils disaient que pour survivre ils quémandent tous les jours. Cela m'a amené à me demander pourquoi ? Ils ont moins de trente ans et sont en bonne santé, mais pourquoi ne travaillent-ils pas ? J'ai fait des recherches, j'ai découvert que c'étaient des toxicomanes. Ils sont devenus des esclaves de la drogue, ils ont tout vendu. Quelquefois la pauvreté prend des visages différents, ce couple n'est pas seulement matériellement pauvre mais ils ont perdu leur dignité d'homme. Au fond d'eux il y a une vraie souffrance. Aujourd'hui, je peux dire que le service nous rapproche de nos frères et nous fait voir les autres comme le Christ nous voit. Non pas d'un œil pour juger et condamner l'autre, mais d'un regard respectueux pour accueillir.
Josias, ANDC - Diocèse de Port-Louis (Ile Maurice)
« Une expérience à la fois fatigante, enrichissante, et d’Amour ».
C’est avec ces mots que je décris mon expérience à Marseille. En janvier, j'ai eu l'occasion, voir la grâce de bien commencer l'année avec une expérience apostolique dans une association de Massabielle « la Fraternité Bernadette ». C’est une association qui accueille des enfants de différents milieux, cultures ou religions. C’est aussi une association qui se fait proche des gens des quartiers Marseillais. Au début, j’avais en tête, que j’étais là-bas pour les autres, mais avec le temps et l’appui du responsable de la maison, j’ai pu changer le mot « pour » les autres par « avec » les autres. En étant ensemble avec les familles du quartier, avec les enfants, j’ai pris conscience que je n’étais pas différent d’eux et que ce n’est pas parce que je suis un séminariste que je me présente comme un sauveur devant eux. Les gens que j’ai rencontrés, n’avaient pas besoin d'aide mais d’écoute et d’une présence nouvelle. Cette expérience à Marseille, m’a permis de mettre en valeur mes qualités et mes valeurs cachées, tout en donnant des soutiens scolaires, et en faisant la cuisine. Si je devais résumer une activité qui m’a le plus marquée dans cette association, c’est ce qu’on appelle « le Patronage » : une journée d’activités avec les enfants, en commençant par une heure de temps de soutien scolaire.
Pendant mon expériment, je n’étais pas seul. J’étais accompagné par d’autres personnes, et il y avait même un propédeute comme moi. Il y avait aussi d’autres jeunes, filles et garçons du service civique qui étaient présents dans la maison comme volontaires. Au niveau de la relation, je m’entendais très bien avec eux et vice-versa. Je vivais une amitié profonde avec les autres, et même le responsable. Ils étaient tous vraiment très sympas. J’ai travaillé sans qu’il se passe des moments difficiles, toujours avec de l’ambiance et de la bonne humeur. J’ai même partagé la chambre avec un Sénégalais, avec qui j’ai pu découvrir le Sénégal avec ces histoires et la musique.
Jérémy, ANDC - Diocèse de Port-Louis (Ile Maurice)
J’ai effectué mon expériment à Marseille au sein de l’association Massabielle précisément à la Maison Bernadette, proche de la cité les Lauriers du 10 janvier au 03 février 2022. Avant l’expériment, j’étais plutôt inquiet par rapport au lieu, un lieu inconnu, la ville de Marseille, endroit que j'entendais dangereux, mouvementé avec les trafics ou autres. Aujourd’hui, j’ai vu autrement Marseille grâce aux personnes formidables que j’ai rencontrées dans les activités. Je mettais mes craintes et mes doutes entre les mains du Seigneur car je me disais tous les jours, que c’est Lui qui m'envoyait donc je lui faisais confiance. Et quand également, il y avait des coups de feu dans le quartier, pratiquement tous les soirs, je priais le Seigneur afin de me préserver de tous dangers. Concernant les personnes auxquelles j’ai été envoyées, au début, cela avait été difficile sachant qu’elles vivaient difficilement et que la plupart étaient d’origines musulmanes et algériennes. Je me posais beaucoup de questions : comment je devais me comporter ? A quel genre de situation vais-je faire face ? Nous étions envoyés par deux et cela m’avait mis en confiance car je pensais aux paroles du Seigneur lorsqu’il a envoyé deux par deux ses disciples en mission “comme des agneaux au milieu des loups” (Luc 10,3).
Au final, je me suis senti vraiment à l’aise dans les familles, c’était de très belles rencontres et je voyais l’importance de l’écoute. On partageait également le goûter avec toute la famille. Ce qui m’avait touché, c’était cette ouverture à parler de sa vie et je pense que ces familles avaient besoin de nous, pour exprimer ce qu’elles avaient longtemps gardé sur leur cœur. Parfois, je me sentais impuissant à répondre à de tels événements marquants de leur vie mais je continuais à écouter. Les joies que j’ai eu sont les rencontres, les moments avec les enfants et les bénévoles, les repas partagés avec quelques amis catholiques du quartier, la prière des offices à la chapelle de la maison et la participation aux messes quotidiennes dans les différentes paroisses de la zone. J’ai eu également la très grande grâce de participer à la procession pour la chandeleur, où nous avons marché de la Maison Bernadette au Vieux Port pour accueillir l'archevêque et la Parole de Dieu venant par bateau, rappelant la tradition de l’accostage des “Saintes Maries de la Mer” et de saint Lazare.
Ce que je peux retenir de cet expériment, c’est d’aller aux périphéries du monde comme nous le disait le pape François. En rencontrant les familles algériennes, je pouvais dire que j’étais en Algérie même, en discutant avec des personnes qui ne sont pas de la même religion que moi. Ce qui m’a touché, c’est qu’à la Maison Bernadette, on accueillait tout le monde, qu’il soit musulman ou pas, non croyant voir même athé. L’expériment m’a beaucoup appris d’être disponible à l’écoute, l’échange envers l’autre spécialement vers ceux qui avait le plus besoin.
Terainui, ANDC - Diocèse de Papeete (Tahiti)
1, Cloître Saint-Aignan 45000 Orléans Tél : 06 17 53 98 52